PAROLES D’AESH (Accompagnant d’Elève en Situation de Handicap)

Bonjour Blanche, et merci d’accepter de répondre à nos questions.

Pourquoi avoir choisi le métier d’AESH ?

Une rencontre avec une maman d’une enfant qui avait un TDA et cherchait un accompagnant et une prise de conscience en tant que parent. 

Avez-vous toujours été AESH ?

Non, je suis Educatrice de Jeunes Enfants. J’ai travaillé en crèche et halte-garderie.         

Si non, quelles ont été vos motivations pour vous réorienter ?

J’étais en congé parental d’éducation et souhaitais reprendre une activité en lien avec mon travail d’éducatrice mais d’avantage tourné vers l’accompagnement et le soutien aux personnes handicapées. Une rencontre avec une maman qui cherchait une AESH près de chez moi a été le déclencheur. J’ai passé les entretiens avec le rectorat de Paris et j’ai pu accompagner cet enfant (après 6 mois de procédures !). De plus j’ai pris conscience, en voyant mes enfants grandir, que l’inclusion scolaire pouvait être bénéfique à tous, en classe et en dehors.          

Quelles sont les qualités essentielles qu’un AESH doit avoir pour réussir son accompagnement au quotidien ?

La patience et un sens de l’observation permanent. Être capable de se remettre en question régulièrement, se poser des questions et chercher les réponses, aimer s’informer, et se former. Être capable de communiquer avec les élèves (porteurs de handicap ou non) avec les enseignants, le ou la directrice, la famille et les professionnels qui entourent l’élève. Savoir prendre du recul sur les situations et être capable de se mettre à la place de l’élève que nous accompagnons. Il faut aussi être capable de gérer différentes situations en même temps (écouter l’enseignant, observer les besoins de ou des élèves accompagnés ainsi que l’environnement dans lequel on se trouve). Il faut être capable de s’adapter, aux différents interlocuteurs, aux lieux d’accompagnement (salle de classe, cour de récréation, salle de sport, sortie en extérieur, etc.), et s’adapter aux élèves accompagnés (chaque jour peut être différent).

Quelles sont vos relations avec la famille ?

L’échange avec la famille me semble important car il peut être riche et intéressant. Il faut avoir assez de distance avec eux mais pouvoir échanger régulièrement. L’enseignant reste le premier interlocuteur de la famille concernant les apprentissages scolaires. La relation que j’ai eu avec les parents s’est construite doucement et naturellement. Certains parents ne cherchent pas à échanger avec moi, donc je n’entre pas en contact avec eux. Et d’autres me croise tous les jours à la sortie des classes et semblent souhaiter plus d’informations sur la journée de leur enfant. Je suis donc disponible pour échanger avec eux à ce moment-là.  Mais je fais attention à bien les diriger vers l’enseignant ou le directeur selon leur demande. Je ne prends pas la place de l’enseignant. Je peux répondre à leurs demandes concernant le travail, l’état de fatigue de l’élève, les points positifs observés mais toujours en étant sûre que l’enseignant a validé cela. C’est pourquoi le travail avec l’enseignant est très important d’après moi.      

Comment se construit la relation avec l’enfant que vous accompagnez ?

Petit à petit. Je parle, j’explique, je demande. Je ne m’impose pas à l’élève. Je tente de ne pas le déranger dans ses habitudes. Je dois m’adapter à chacun différemment. Même au sein d’une même classe je n’accompagne pas les élèves de la même façon. Au tout début je me présente avec la directrice ou l’enseignant auprès de l’élève. Ensuite auprès des autres élèves (parfois ce n’est même pas nécessaire car tous ont compris ma place mais certains me posent des questions tout au long de l’année). La relation que je construis avec l’élève dépend vraiment de l’élève. Je ne dois m’attendre à rien. Certains sont gênés que je sois à côté d’eux les premiers jours, je me place donc plus loin au départ et me rapproche petit à petit (ou eux se rapprochent pour me demander de l’aide). Certains sont en demande tout de suite, et me font une place rapidement auprès d’eux.

Quelles connaissances avez-vous du handicap que vous accompagnez ?

En amont ou lors des premiers jours j’échange avec la directrice et les enseignants de l’école qui connaissent l’élève. J’ai également pu consulter le GEVASCO (guide d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation) disponible auprès de la directrice et accessible à tous les professionnels de l’école qui accompagnent l’élève. Certains parents souhaitent aussi me donner des informations, m’informent des avis médicaux concernant leur enfant.

Par la suite je peux trouver des informations sur tel ou tel handicap lors de formations du Rectorat, sur des sites référencés par le Rectorat ou indiqués par les parents. J’étends mes recherchent à la lecture de livres traitant du handicap concerné.

Et comment vivre les réactions parfois violentes de l’enfant ?

4 points qui m’ont été utiles :

 1) Ne pas travailler seul. Il faut échanger avec les autres enseignants, pas seulement au moment d’une réaction forte de l’élève mais régulièrement. Ainsi pouvoir anticiper une crise ou désamorcer une situation difficile avec différents interlocuteurs et avoir d’autres points de vue, d’autres idées professionnelles. 2) Se protéger physiquement et moralement (sinon après on ne peut plus aider cet enfant ou les autres) mais aussi protéger l’élève et les élèves autour. 3) Ne pas prendre personnellement certaines réactions ou mots que pourraient avoir l’élève. Il faut garder une distance professionnelle. 4) Participer aux formations proposées par le Rectorat (groupes de paroles réguliers et encadrés par un ou une psychologue avec analyses des situations ; formations précises sur tel ou tel handicap, sur la gestion des crises, sur la relation avec les familles, etc.)


Quels seraient vos souhaits envers l’enfant que vous accompagnez ?

Qu’ils acquièrent des habitudes de travail pour pouvoir travailler en autonomie si jamais je ne suis pas là ou qu’eux partent dans une autre école, une autre ville. Qu’ils s’épanouissent avec les autres élèves de leur âge et deviennent des élèves et adultes heureux (ou continuent à l’être).       

Comment travaillez-vous avec l’enseignant (ou les enseignants) de l’enfant que vous accompagnez ?

Nous échangeons et mettons en place ensemble le travail d’accompagnement scolaire de l’élève. J’échange quotidiennement avec les enseignants. Leur journée étant déjà bien chargée je m’adapte au maximum à leur rythme pour trouver le meilleur moment pour échanger avec eux. Je me rends disponible (sur mon temps de travail évidemment) pour eux et je leur dis. Ce peut être pendant un moment calme en classe, pendant la surveillance de la récréation, au moment de la pause déjeuner, lors des réunions pour préparer les ESS (Equipe de suivi de scolarisation). Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi en tant qu’accompagnant d’élève(s) dans leur classe et que je ne prends pas leur place d’enseignant.    

    
Expliquez-nous ce qu’est un PIAL et le rôle qu’il joue dans vos missions ?

J’ai travaillé 4 ans avec le Rectorat de Paris mais les PIAL ont été mis en place juste après mon départ. Quand j’ai demandé au Rectorat de changer d’établissement au bout de 4 ans (pour me renouveler et trouver un nouveau souffle dans un autre établissement) ils m’ont répondu « Vous êtes dans une école privée, vous devriez y rester car vous êtes à l’abri. Si vous changez vous dépendrez d’un PIAL et ce ne sera plus pareil. » Voilà la première et dernière image que j’ai eu des PIAL.      

Comment êtes-vous accompagné(e) dans votre métier ? 

Durant les 4 années en tant qu’AESH au Rectorat de Paris j’ai pu suivre de nombreuses heures de formations et d’accompagnement (60h obligatoires la première année puis de nombreuses sur inscription, à ma demande)    

Quelles seraient vos suggestions pour améliorer vos conditions de travail ?

Un salaire plus élevé me semblerait approprié et permettrait une reconnaissance de tous pour ce métier discret mais si utile.