
Définition
Une maladie est dite rare lorsqu’elle touche moins d’une personne sur 2 000. Les maladies rares sont extrêmement diverses : maladies neuromusculaires, métaboliques, infectieuses, auto-immunes, cancers rares… Le plus souvent, elles sont sévères, chroniques, d’évolution progressive et affectent considérablement la qualité de vie des personnes malades.
Dans 50% des cas, elles entrainent un déficit moteur, sensoriel ou intellectuel, et peuvent même provoquer une perte totale d’autonomie dans 9% des cas.
On parle parfois de maladies orphelines. Une maladie est dite « orpheline » quand il n’existe pas de traitement pour la soigner.
La définition d’une maladie orpheline n’est donc pas la même que celle d’une maladie rare. Cependant, une très grande majorité de maladies rares sont des maladies orphelines et inversement.
Les maladies rares posent de nombreuses problématiques :
- l’accès à l’information
- le suivi médical dans un service expert
- un diagnostic pouvant être long avec parfois une errance ou une impasse diagnostiques
- l’absence de traitement
- les moyens et les délais de la recherche
- l’isolement
- la prise en charge sociale
- l’accompagnement dans la vie quotidienne lié en particulier au handicap
Chiffres clés
- 7000 : c’est le nombre de maladies rares identifiées en France
- Plus de 3 millions de personnes sont atteintes d’une maladie rare en France (4,5% de la population), et 30 millions de personnes en Europe
- Dans le monde : 3,5 à 5,9 % de la population mondiale sont concernés par les maladies rares, soit 350 millions de personnes
- 80% des maladies rares sont d’origine génétique. Les autres sont causées par des infections (bactériennes ou virales), des allergies ou des facteurs environnementaux.
- Plus de 75% des personnes sont touchées pendant leur enfance.
- ¼ des personnes atteintes attendent plus de 4 ans pour que le diagnostic soit envisagé
- 95% des maladies rares n’ont pas de traitements curatifs.
- 65 % de ces maladies sont graves et invalidantes
Les causes des maladies rares
Dans 80% des cas, les maladies rares sont d’origine génétique. Cela signifie qu’elles sont causées par une ou plusieurs altérations d’un gène (maladie monogénique) ou de plusieurs gènes (maladie polygénique), ce qui est plus souvent le cas. La plupart des maladies génétiques sont héréditaires, c’est-à-dire transmises aux descendants par les gènes altérés des ascendants.
Mais quelques-unes ne le sont pas : elles sont dues à un accident génétique lors de la conception de l’embryon, ou sont acquises durant la vie embryonnaire ou fœtale.
Les maladies rares sont souvent graves et invalidantes pour les deux tiers des maladies. Elles engagent le pronostic vital pour presque la moitié des malades. Elles peuvent empêcher de bouger (myopathies), de voir (rétinites), de comprendre (X fragile), de respirer (mucoviscidoses), de résister aux infections (déficits immunitaires)…
Les autres causes des maladies rares sont essentiellement :
- infectieuses (bactériennes ou virales) ;
- allergiques :
- auto-immunes ;
- cancéreuses.
A contrario certaines maladies rares n’ont pas d’origine connue.
Les maladies rares les plus connues
Parmi les maladies rares que l’on retrouve le plus fréquemment :
- La maladie de Charcot : maladie neurodégénérative qui atteint progressivement les neurones, et entraîne une faiblesse musculaire puis une paralysie.
- Le syndrome d’Aicardi-Goutières : encéphalopathie progressive caractérisée par un arrêt du développement psychomoteur dans les premiers mois de vie, une tétraplégie spastique, des mouvements anormaux et une microcéphalie acquise.
- La mucoviscidose : maladie génétique caractérisée par des sécrétions visqueuses au niveau de plusieurs organes, principalement les poumons et le pancréas
- La sclérodermie systémique : maladie auto-immune qui se caractérise par le développement anormal d’une fibrose (durcissement) ou d’une sclérose de la peau et d’autres organes comme les poumons, le cœur et l’appareil digestif.
- Le syndrome de Noonan : maladie congénitale affectant différentes parties du corps, qui se caractérise par des traits du visage inhabituels, une petite taille, des déficiences cardiaques, des problèmes dans la circulation sanguine, des malformations du squelette.
- La polyglobulie de Vaquez : trouble chronique évolutif qui se caractérise par un excès de globules rouges, provoquant un épaississement du sang et exposant la personne atteinte au risque de thrombose.
- Le syndrome de Rett : maladie génétique se développant chez le très jeune enfant, principalement la fille, et provoquant un handicap mental et des atteintes motrices sévères
- La maladie de Huntington : maladie génétique neuro-évolutive héréditaire du système nerveux central, caractérisée par une dégénérescence neurologique provoquant d’importants troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques, et évoluant jusqu’à la perte d’autonomie puis la mort.
L’établissement d’un diagnostic et les traitements associés
Il est malheureusement assez fréquent que le diagnostic d’une maladie rare soit porté tardivement. Lorsqu’un médecin fait un diagnostic, il évoque tout d’abord les maladies les plus fréquentes. Ce n’est qu’après les avoir écartées que le praticien pense à une maladie rare. Il doit alors adresser son malade au bon spécialiste car lui-même ne peut connaitre toutes les maladies rares. Par ailleurs, il arrive que certaines maladies se présentent sous une forme inhabituelle et trompeuse. A ce moment-là, même si le médecin connait la maladie, il peut ne pas y penser. Certaines maladies sont réellement très rares et trouver le médecin qui y pensera peut prendre beaucoup de temps.
Aujourd’hui, seule une personne atteinte d’une maladie rare sur deux dispose d’un diagnostic précis, qui met en moyenne 5 ans à être posé pour plus d’1/4 des personnes. L’errance diagnostique est la période qui se déroule entre les premiers symptômes d’une maladie et le diagnostic confirmé de cette maladie. L’impasse diagnostique résulte de l’échec à définir la cause précise d’une maladie après avoir mis en œuvre l’ensemble des investigations disponibles. Elle concerne souvent des formes atypiques de maladies connues ou de maladies dont la cause génétique n’est pas identifiée.
Les maladies rares n’ont souvent pas de traitement curatif, hormis les maladies infectieuses, certains cancers et maladies auto-immunes. Cependant, même en l’absence de traitement curatif, il est toujours possible de proposer aux malades une prise en charge thérapeutique afin d’améliorer l’espérance de vie et surtout les conditions de vie. On peut notamment lutter contre la douleur ou traiter les manifestations gênantes. Certains appareillages peuvent aussi permettre d’améliorer l’autonomie des malades lorsqu’il existe un handicap. Enfin, grâce à la recherche qui se poursuit, un traitement peut apparaitre sur le marché dans les années qui viennent.
Le risque encouru par un proche de malade d’être atteint de la même maladie dépend du mode de transmission de la maladie et du lien familial de ce proche avec le malade. Les maladies chromosomiques sont souvent sporadiques, c’est-à-dire qu’une seule personne est atteinte dans la famille. Plus rarement, elles sont héritées d’un des deux parents.
L’obtention d’un diagnostic précis est donc une première étape dans la prise en charge médicale et sociale d’une maladie rare, souvent marquée par une longue errance avec de multiples consultations.
La scolarisation des élèves touchés par une maladie rare
La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » renforce les actions en faveur de la scolarisation des élèves handicapés. Elle affirme le droit pour chacun à une scolarisation en milieu ordinaire au plus près de son domicile, à un parcours scolaire continu et adapté.
Les parents sont également associés à la décision d’orientation de leur enfant et à la définition de son projet personnalisé de scolarisation (PPS). L’orientation de l’élève est déterminée à partir du PPS mis en place entre la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), l’enfant et ses parents et l’enseignant référent.
En fonction de la situation de l’élève, différents types de scolarisation sont possibles :
- Scolarisation individuelle : la scolarisation peut s’effectuer dans une école maternelle, une école élémentaire ou dans un établissement scolaire du second degré. Cette scolarisation peut se faire sans aide particulière, ou faire l’objet d’aménagement en fonction du handicap de l’élève. L’élève peut se faire accompagner par une AESH (Accompagnant(e) des Elèves en Situation de Handicap)
- Scolarisation collective : il existe dans les écoles élémentaires, les collèges et les lycées des Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) qui accueillent des enfants présentant un handicap mental, visuel, auditif ou moteur et pouvant tirer profit d’une intégration en milieu scolaire ordinaire. Les élèves reçoivent un enseignement adapté au sein de l’Ulis et partagent certaines activités avec les autres élèves.
- Scolarisation à distance : le Centre national d’enseignement à distance (CNED) assure le service public de l’enseignement à distance. Pour les élèves handicapés de 6 à 16 ans, le CNED propose un dispositif spécifique, prévoyant notamment un PPS et l’intervention possible, au domicile de l’élève, d’un enseignant répétiteur rémunéré par le CNED.
Si l’élève ne peut pas suivre une scolarité en milieu ordinaire, des établissements médico-sociaux permettent d’offrir une prise en charge scolaire, éducative et thérapeutique adaptée. Il s’agit des IME (Instituts médicoéducatifs).
Les organismes dédiés pour la prise en charge médicale des maladies rares
Grâce au rayonnement de sa médecine et de sa recherche, ainsi que la forte mobilisation des familles, des associations, des professionnels de santé et médico-sociaux, la France est le premier pays européen à avoir élaboré et mis en œuvre un Plan national maladies rares pour la prise en charge des personnes malades et de leur entourage. Trois plans se sont succédés depuis 2005. Ces plans nationaux ont permis de faire reconnaître les maladies rares comme un enjeu de santé publique.

- Le 1er Plan national maladies rares (2005-2008) a permis aux maladies rares ou orphelines de bénéficier d’une organisation des soins spécifique, avec l’identification des centres de référence et de compétence. 132 centres de référence et 502 centres de compétences ont ainsi été labellisés par le Ministère de la Santé lors de ce 1er Plan national.
Par ailleurs, les médicaments orphelins disponibles ont été rendus accessibles aux patients. L’information à destination des personnes malades, des professionnels et du grand public s’est également développée, grâce au portail Orphanet entre autres.
Les centres de référence ont pour missions de faciliter le diagnostic de la maladie et de définir la stratégie de prise en charge thérapeutique, psychologique et d’accompagnement social. Ils ont aussi un rôle de coordination, de formation et d’information auprès de tous les acteurs concernés. Les centres de référence ont en charge une pathologie ou un groupe de pathologies tels que le centre de référence des maladies lysosomales, le centre de référence des maladies rares de la peau et des muqueuses d’origine génétique, le centre de référence des maladies digestives rares…
Les centres de compétences ont pour fonction de proposer une prise en charge médicale des personnes malades à proximité de leur domicile. Ils sont complémentaires des centres de référence avec lesquels ils travaillent en réseau pour contribuer au maillage territorial de l’offre de soins. Les centres de compétences sont également spécialisés dans une pathologie ou un groupe de pathologies.

- Le 2e Plan national maladies rares (2011-2014) a permis la mise en place des filières de santé maladies rares (FSMR) à partir de la fin de l’année 2014. Chaque filière couvre un groupe de maladies rares qui ont des points communs. Il peut s’agir de maladies qui provoquent une atteinte d’un même organe ou système et ont des manifestations proches : elles demandent alors une prise en charge similaire. Il y a au total 23 filières de santé maladies rares. Ces filières animent et coordonnent des actions dont le but est d’améliorer la prise en charge globale des personnes malades, avec pour mission d’améliorer la bonne compréhension de l’offre de soins.
Leurs missions doivent notamment :
- Faciliter l’orientation des malades au sein du système de santé ;
- Renforcer la coordination de la prise en charge diagnostique, thérapeutique et médico-sociale
- Favoriser la rédaction de bonnes pratiques et de protocoles de diagnostic et de soins ;
- Impulser et coordonner la recherche destinée à améliorer cette prise en charge ;
- Développer l’enseignement, la formation et l’information ;
- Organiser la collecte des données cliniques et veiller à la qualité de ce recueil de données, en lien avec la Banque nationale de données maladies rares (BNDMR) ;
- Regrouper les ressources et l’expertise au niveau national pour accroître la visibilité au niveau international, notamment dans le cadre des réseaux européens de référence.
Chacune de ces filières est constitué de centres de référence maladies rares, des centres de compétences associés, des laboratoires et plateformes de diagnostic approfondi, des équipes de recherche, des associations de personnes malades, et des sociétés savantes.

- Le 3e Plan national maladies rares (2018-2022) vise à ce que les malades bénéficient d’un diagnostic au plus tard un an après la 1ère consultation d’un spécialiste, et que les malades en impasse diagnostique entrent dans un programme global coordonné de diagnostic et de recherche.
Au final, ces 3 plans ont permis de mettre en place :
- 387 centres de référence
- 1844 centres de compétences
- 23 filières santé maladies rares
- une banque nationale de données
- 24 plateformes d’expertise maladies rares.
L’investissement de la recherche dans le secteur
Pendant longtemps, la recherche sur les maladies rares ou orphelines n’a intéressé que peu d’acteurs. La situation a évolué ces dernières années.
Dans le cadre du premier Plan national maladies rares (2005 / 2008), 72 millions d’euros de fonds publics ont été investis dans la recherche sur les maladies rares (programmes hospitaliers de recherche clinique et appels d’offre de l’Agence Nationale de la Recherche).
La Fondation maladies rares a été créée dans le cadre du 2ème Plan National Maladies Rares 2011-2016. Elle est née de la volonté conjointe de tous les acteurs impliqués dans la recherche et la prise en charge des maladies rares et plus particulièrement ses cinq membres fondateurs :
- l’AFM-Téléthon
- l’Alliance Maladies Rares
- l’Inserm
- la Conférence des Directeurs Généraux de Centres Hospitaliers Universitaires
- la Conférence des Présidents d’Université

La Fondation maladies rares soutient des projets de recherche sur l’ensemble des maladies rares sur la base d’appels à projets lancés auprès de la communauté scientifique et médicale, en partant des besoins exprimés par celle-ci et par les malades eux-mêmes.
Les associations de personnes malades ont de leur côté poursuivi et accentué leurs efforts pour financer la recherche sur les maladies rares. Un grand nombre d’entre elles soutiennent en effet des programmes de recherche grâce aux fonds collectés.
Trois domaines de recherche peuvent être identifiés :
- La recherche « fondamentale » qui vise à identifier le gène d’une maladie (aujourd’hui 2300 gènes sont identifiés pour plus de 2100 maladies) ;
- La recherche physiopathologique qui a pour objet de comprendre les mécanismes d’apparition de la maladie ;
- La recherche thérapeutique qui a pour objectif de mettre en place des traitements.
Le temps de la recherche n’est cependant pas celui des personnes malades. Ces personnes attendent avec espoir et une impatience légitime que les travaux de recherche aboutissent rapidement. Or, la durée d’essais thérapeutiques débouchant sur un traitement est estimée entre 7 à 12 ans entre le début des essais et la mise à disposition du traitement.
Des résultats encourageants ont été récemment obtenus pour certaines pathologies. Il faut cependant avoir conscience que les premiers résultats enregistrés ne couvrent qu’une petite partie des maladies rares, pour deux raisons principales : le nombre de maladies (7000 environ) ainsi que le temps et les moyens nécessaires.
28 février : Journée mondiale des maladies rares
Sources
www.fondation-maladiesrares.org
www.alliance-maladies-rares.org