
Un tiers des enfants dans le monde ne va pas à l’école. Et parmi ces enfants, la majorité sont des petites filles. Sans éducation, elles sont victimes de violences, de mariages précoces, de travail forcé. Favoriser leur scolarisation permettrait à la fois de changer les mentalités et de combattre les discriminations auprès des communautés visées. D’une manière plus générale, elle favoriserait l’autonomisation des femmes. L’éducation d’une fille est de plus reconnue comme l’un des leviers les plus puissants pour sortir de la pauvreté et pour s’émanciper.
L’éducation est un droit fondamental pour tous les enfants, selon l’article 28 de la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 ratifiée par 195 pays. Scolariser une fille, c’est lui permettre de prendre confiance en elle, de faire ses propres choix et d’avoir un métier pour construire son avenir.
Des chiffres saisissants
En 2021 :
- 132 millions de filles âgées de 6 à 17 ans sont encore privées d’école, soit plus de 21 fois le nombre de filles scolarisées en France.
- 1 fille sur 4 ne va pas à l’école dans les pays en développement.
- Moins de 40% des pays affichent des proportions égales de filles et de garçons inscrits dans l’enseignement secondaire.
- 516 millions de femmes dans le monde sont encore analphabètes, soit 63% des adultes analphabètes dans le monde.

Les raisons de la non-scolarisation des filles
La difficulté d’accès à l’éducation pour les filles est causée par plusieurs freins : social, financier ou encore culturel :
- Le travail forcé : 63 millions de filles sont astreintes aux tâches ménagères ou à de l’exploitation infantile : travail domestique, exploitation sexuelle, mendicité forcée.
- Elles sont plus de 12 millions à être victimes de mariages forcés et précoces.
- Les grossesses précoces : conséquences des mariages précoces, des violences sexuelles, et des difficultés d’accès à la contraception et à l’avortement, les adolescentes sont alors contraintes de quitter l’école. Dans les pays en développement, ce phénomène concerne 1 fille sur 3.
- La pauvreté et la ruralité sont parmi les facteurs les plus importants. Dans de nombreux pays encore, la fille est considérée comme un fardeau, dû à l’héritage des temps anciens quand la survie dépendait davantage de la force masculine. Certaines familles renoncent ainsi à scolariser les filles, choisissant plutôt de les marier ou de les faire travailler. Dans ces cas d’extrême pauvreté, la famille préfère miser sur l’éducation du garçon, considéré comme un meilleur investissement en raison de son entrée future dans la vie active et la place qu’il occupera au sein de la famille à l’âge adulte : il subviendra aux besoins de toute la famille.
- Des systèmes patriarcaux persistants : dans certaines sociétés, l’éducation des filles n’a aucun sens car elle va à l’encontre du rôle qui leur est dévolu dans la société : se marier tôt et élever des enfants.
- Les violences à l’école et sur le chemin de l’école : L’insécurité et les violences sexistes et sexuelles que peuvent vivre les filles à l’école ou sur le chemin de l’école les empêchent de suivre correctement les cours dispensés au sein d’un lieu sûr. Ce contexte encourage souvent les parents à retirer leurs filles de l’école.
- Les menstruations : 1 fille sur 10 ne va pas à l’école quand elle a ses règles car de nombreux établissements scolaires ne proposent pas d’endroit où elles peuvent se changer, ou alors parce que les protections hygiéniques coûtent cher et qu’elles sont forcées de rester chez elles.
- L’absence de certificat de naissance : Les filles sans identité juridique et sans certificat de naissance ne peuvent pas s’inscrire à l’école, passer d’examens scolaires, obtenir des diplômes, et ne peuvent pas poursuivre leur éducation jusqu’au bout pour prétendre à un métier et sortir de la pauvreté.
- Les situations d’urgence exacerbent la vulnérabilité des filles et les discriminations. Les écoles détruites par la guerre, les conflits ou une catastrophe naturelle les rendent impraticables et dangereuses, l’isolement en cas d’épidémie, la précarité des camps de réfugiés, privent les filles d’éducation. Les familles se retrouvent aussi dans des situations précaires qui augmentent la pression économique qui pèse sur les foyers, entraînant les familles à marier leur fille ou à les obliger à travailler.

La scolarisation des filles, une priorité mondiale
L’éducation des filles, leur faire comprendre l’importance que celle-ci peut avoir sur leur vie, est un premier pas pour limiter les différentes formes d’abus. L’école apprend aux filles que leur voix compte et qu’elle mérite d’être entendue. Elles seront par la suite plus sensibles à l’éducation de leurs propres enfants.
La non-scolarisation des filles présente de graves conséquences sur la vie de chacune d’entre elles, mais aussi sur le développement de leur communauté et de leur pays tout entier :
- La non-scolarisation des filles les maintient dans un statut inférieur à celui des garçons. Elles ne pourront s’exprimer, prendre les décisions qui concernent leur corps et leur vie, voter, participer activement aux prises de décision de la société dans laquelle elles vivent.
- La non-scolarisation des filles ne leur permet pas de sortir de la pauvreté. Cette situation risque de se perpétuer à la génération suivante car une fille non-éduquée ne peut pas comprendre l’intérêt de donner à ses enfants une éducation de qualité.
- La non-éducation des filles présente un risque important pour leur santé et celle de leurs enfants. Une fille non scolarisée aura plus de difficultés à accéder et à suivre les recommandations et les conseils de prévention et de soins pour elle-même et ses enfants. Un enfant né d’une mère qui sait lire a 50 % de chances en plus de survivre après l’âge de 5 ans.
La scolarisation est donc un facteur d’émancipation et de développement. Chaque année passée par une fille à l’école augmente son futur revenu de 10 à 20 %. Grâce à la scolarisation systématique des filles, un pays peut augmenter son produit intérieur brut (PIB) en moyenne de 3 %. Ainsi, la non-éducation des filles est une véritable entrave au développement social, économique, et politique des pays.

Les aides internationales pour favoriser l’éducation et l’émancipation des filles
Plusieurs ONG œuvrent en faveur de la scolarisation des filles dans le monde.
France Parrainages, dont l’objectif est de combattre les discriminations et de modifier les mentalités auprès des communautés concernées, met en place des programmes spécifiques à destination des filles.
- En Inde, des partenaires locaux de France Parrainage ont construit des pensionnats réservés aux jeunes filles. Grâce à cet hébergement gratuit, proche de leur école, plus de 850 jeunes filles peuvent poursuivre leurs études en classe de primaire et dans le secondaire sans la peur d’être agressée.
- Au Bangladesh, la Congrégation des Sœurs Missionnaires de Marie Immaculée prend en charge près de 250 jeunes filles issues de minorités ethniques. Les jeunes filles sont hébergées au sein de pensionnats, scolarisées gratuitement, et bénéficient de formations professionnelles (atelier de broderie par exemple).
Plan International agit également pour favoriser la scolarisation des filles et leur maintien dans un système éducatif de qualité, pour leur permettre de construire leur avenir. L’ONG lutte contre les inégalités pour permettre aux filles de se construire un avenir pour devenir des femmes libres. L’éducation est un véritable levier d’émancipation pour les filles à travers le monde. Plan international se bat pour que chaque fille connaisse ses droits, pour que toutes les filles puissent apprendre à lire et écrire, qu’elles aient accès à des études de qualité pour qu’elles puissent s’émanciper et, par la suite, exercer le métier de leur choix.
Pour cela, l’ONG construit et rénove des écoles, et les équipe avec du matériel scolaire, aussi dans les zones reculées, pour rendre l’éducation accessible à toutes les filles.
L’ONG distribue des bourses et des fournitures scolaires aux filles et aide les parents à payer leurs frais de scolarité, car la pauvreté des familles est le premier frein à leur éducation. Des enseignants sont formés pour inculquer l’égalité entre les filles et les garçons dès l’école. L’ONG sécurise les établissements scolaires grâce à des toilettes propres et séparés pour les filles et des codes de conduite non-violente pour le personnel éducatif, en les formant à l’égalité entre les filles et les garçons, et en renforçant la sécurité des filles sur le trajet de l’école.
Enfin, Plan International sensibilise les filles et les garçons à l’hygiène menstruelle pour que ce sujet ne soit plus tabou et distribue des protections hygiéniques pour permettre aux filles de continuer à aller à l’école pendant leurs règles.
La fondation RAJA-Danièle Marcovici, soutient plusieurs associations en France et à l’international dans leurs actions dédiées à l’émancipation des femmes.
- En Afrique, 23% des petites filles et 36% des adolescentes ne sont pas scolarisées. Une situation qui s’est empirée avec la pandémie de Covid-19, car elles ont dû aider leurs familles en travaillant. Au sud du Sénégal, l’association « Futur au présent » a créé en 2014 une Maison de l’Éducation dans la ville de Kandé, dans une région où le taux de pauvreté est proche des 70%. Chaque année, les professeurs de cette Maison de l’Éducation accompagnent des petites filles pour les aider à sortir du travail précoce, en leur proposant un suivi psychosocial – beaucoup sont aussi victimes de violences sexuelles – et des cours du soir. 120 écolières bénéficient des enseignements de cette maison.
- Au Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde, 76% des filles sont mariées avant 18 ans. L’association Yara LNC a ouvert quatre écoles depuis 2006, qui permettent à 106 Nigériennes de huit à vingt ans issues de familles défavorisées d’être scolarisées. L’un des objectifs de Yara LNC est de sensibiliser avant tout les parents sur l’importance de l’éducation.
- En France, trois millions d’enfants vivent dans des familles pauvres, avec des conditions de logements difficiles, l’impossibilité de faire ses devoirs le soir, la faim. L’association Rêv’Elles s’est donné deux missions : favoriser l’égalité des chances et insérer les jeunes filles dans le monde professionnel. Rêv’Elles propose via des programmes innovants d’aide à l’orientation d’élargir les perspectives de ces jeunes femmes issues de milieux défavorisés, de construire leur projet professionnel et de développer leur plein potentiel.
Des progrès notables depuis 1995 pour atteindre l’égalité des genres dans l’éducation

Un rapport de l’UNESCO montre que depuis 1995, 180 millions de filles de plus dans le monde se sont inscrites dans l’enseignement primaire et secondaire.
Aujourd’hui, 10 % des filles et 8 % des garçons ne sont pas scolarisés en primaire dans le monde, contre respectivement 18 % et 12 % en 2000. L’écart de scolarisation selon le sexe s’est nettement réduit depuis 20 ans.
Grâce aux actions des ONG dans les zones les plus à risque, l’accès des enfants à l’école primaire a fortement progressé au cours des deux dernières décennies. Cela a profité en particulier aux jeunes filles. En Asie du Sud et de l’Ouest, le progrès est spectaculaire. Dans cette région (où se trouvent l’Inde et la Chine), les filles étaient les plus discriminées en 2000, avec treize points d’écart avec les garçons. Aujourd’hui, les filles y sont autant scolarisées que les garçons. L’écart a aussi été divisé par trois dans les États arabes et par deux en Afrique subsaharienne.
La scolarisation des jeunes et la réduction des inégalités d’éducation entre filles et garçons constituent des progrès considérables. Elles sont loin de tout régler, mais elles auront un impact à long terme sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde.
« Il n’existe aucun instrument de développement plus efficace que l’éducation des filles. Si nous voulons que nos efforts aboutissent à la construction d’un monde en meilleure santé, plus pacifique et équitable, les classes du monde doivent être remplies de filles aussi bien que de garçons. »
Kofi Annan, ex-Secrétaire général des Nations Unies
11 octobre : Journée internationale de la fille
8 mars : Journée de la femme
Sources :