[JOURNEE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES]

LA CONDITION FEMININE EN FRANCE ET DANS LE MONDE
MARS 2021

Le 8 mars est officiellement la journée internationale des femmes (depuis 1977, date de sa promulgation par les Nations Unies). Mais bien avant cette date, un peu partout dans le monde, des femmes luttaient pour leurs droits. Avec le temps, des victoires ont bien heureusement été obtenues, mais il reste encore tellement de chemin à parcourir sur la route de l’égalité.
Ainsi, la journée internationale des femmes permet chaque année de rappeler que chaque victoire est un pas de plus vers l’égalité. Mais nous l’avons dit, la route est encore longue. Voici notre vision sur la condition féminine à travers le temps.

EN FRANCE

Avant 1970, l’image de la femme était celle de la mère au foyer, de l’ouvrière mais pas d’une personne faisant partie intégrante de notre Histoire. C’est notamment grâce au MLF que l’on s’est intéressé à l’histoire des femmes, c’était une demande sociale de la part des femmes qui souhaitaient affirmer leur identité et exprimer leur différence. De là est né ce besoin d’histoire et de recueil de mémoire.
Avec la seconde guerre mondiale, les femmes subissent l’idéologie du Maréchal Pétain « Travail, Famille, Patrie ». Les droits de la femme s’effacent au profit de la famille. La priorité est donnée à la famille, notamment par la loi Gournot du 29 décembre 1942, aussi appelée « Charte de la Famille ». Par cette loi, la famille légitime est protégée, le mariage encouragé et on prône les familles nombreuses. Le divorce est rendu plus difficile et plus lent avec la loi du 2 avril 1941.
Le régime de Vichy véhicule des valeurs conservatrices où une femme qui fume ou encore est court vêtue, est perçue comme une femme de « mauvaise vie ». L’idéal féminin de cette période est la mère au foyer, pilier de la famille, encouragée à faire des enfants. Des prix sont décernés en fonction du nombre d’enfants et en mai 1941, la fête des mères devient nationale.

EN FRANCE

Au cœur de cette politique nataliste, l’avortement qui est interdit est d’autant plus réprimé. Le 15 février 1942, l’avortement est qualifié de « crime de haute trahison ». Cette répression vis à vis de l’avortement restera longtemps gravée dans les mémoires, si bien qu’aujourd’hui encore et malgré la légalisation de l’avortement, certaines sages-femmes refusent encore de dire si elles ont pratiqué des avortements durant cette période. L’éducation subit aussi la politique de Vichy, ainsi les instituteurs et institutrices ne reçoivent plus de formation d’ordre général, mais selon leurs sexes afin d’enseigner les travaux manuels et ménagers. Les filles sont formées à la couture, le repassage, le lavage, la cuisine ; tandis que les garçons sont formés aux métiers de forgerons, menuisiers, maçons. La loi du 18 mars 1942 rend obligatoire pour les jeunes filles « l’enseignement ménager familial », une heure par semaine. De plus, le régime encourage les écoles non-mixtes.
Une contradiction dans la politique du régime vis à vis du travail des femmes apparaît avec la promulgation, le 11 octobre 1940, d’une loi qui prévoit que les femmes mariées et de plus de 50 ans soient exclues du service public. Et dans le secteur privé, on incite à la non-embauche. En 1942 cette loi est suspendue à cause du STO (Service de Travail Obligatoire).

LES FEMMES ET LA RÉSISTANCE

La France manque de main d’œuvre et les femmes de 18 à 35 ans n’ayant pas d’enfants légitimes sont astreintes au travail obligatoire, pour « l’effort de guerre ». En juin 1944, 44 835 françaises contraintes ou non, travaillent en Allemagne.
Ainsi, les femmes sont « utilisées » au bon vouloir du gouvernement : reléguées dans un premier temps au statut de femmes au foyer, de mères, puis de travailleuses lorsqu’on a besoin d’elles. Pour celles qui n’acceptent pas ce statut, c’est la résistance, qui passe par diverses actions : à travers le marché noir et les réseaux d’entraide afin de faire vivre la famille en l’absence du père.
La participation des femmes dans la résistance a longtemps été occultée, sauf pour quelques grandes figures comme Lucie Aubrac, Danielle Casanova, Bertie Albrecht, Marie-Madeleine Fourcade. Ces femmes distribuent des tracts, font partie de réseaux où elles assurent la logistique, le ravitaillement, les liaisons. Plus rarement, elles portent les armes ou dirigent un groupe. Le rôle de ces résistantes a souvent été sous-estimé, et leur participation n’a pas toujours été reconnue après-guerre. Seulement 6 femmes, dont 4 à titre posthume ont été décorées en tant que « compagnons de la liberté », contre 1030 pour les hommes. Bien souvent, au lendemain de la guerre, les femmes reprennent leur vie « ordinaire » et c’est le rôle de l’épouse et de la mère qui est à nouveau mis en avant, cette fois-ci dans la reconstruction de la France. La libération de la France n’a pas été une libération pour la femme, c’est l’image de l’homme en tant que héros qui est mise en avant. Le rôle des femmes n’est pas mis en avant, tout du moins pas celui attendu.

DROIT DE VOTE AUX FEMMES

En politique on constate que le suffrage universel inscrit dans l’ordonnance du 21 avril 1944 est obtenu après un siècle de revendications féminines et près d’un siècle après le suffrage masculin qui date de 1848. Malgré ce droit de vote et d’éligibilité, les femmes ont eu des difficultés à trouver leur place en politique. En 1946, il y avait moins de 6% de députées, et en 2002, moins de 12%.Pour beaucoup, le droit de vote fut accordé aux femmes en « récompense » de leur participation dans la résistance. Mais ce fut un parcours plus difficile qu’il n’y paraît. En effet, tous les délégués gaullistes n’étaient pas favorables à ce droit de vote. 
Il est proposé que « Les femmes soient éligibles et électrices dans les mêmes conditions que les hommes ». Cet amendement est accepté par 51 délégués sur 67 et deviendra l’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944. Face à cette loi, beaucoup d’hommes sont inquiets de voir que les femmes ont le même droit qu’eux, certains pensant qu’elles ont besoin d’une « instruction » pour pouvoir voter correctement…C’est aussi un nouvel enjeu pour les politiciens qui trouvent là un nouvel électorat à conquérir.
De 1946 à 1993, il y eut tout au plus 6% de députées. 
Les françaises se sont dans un premier temps peu impliquées dans la vie politique de la France. Ainsi, jusqu’à la fin des années 1960, il y eut beaucoup d’abstentions et on observe un vote plus conservateur. Les françaises se trouvent dans une période « d’apprentissage ». C’est dans les années 1970 qu’elles s’impliquent et leur participation est égale à celle des hommes, leur vote s’exprime majoritairement à droite. Les années 1980 voient l’autonomie des femmes en matière de politique et un vote en faveur de la gauche quasi identique à celui de la droite. 
Les femmes se sont investies faiblement et lentement dans la vie politique de la France, être une femme politique était alors un fait exceptionnel (Simone Veil). Comme le droit de vote, la France est en retard quant à la participation des femmes à la vie politique.

Au début des années 1990, il y a une volonté de parité dans la représentation politique. De nombreux débats ont conduit à la loi du 8 juillet 1999, « relative à l’égalité entre les hommes et les femmes ». Les articles 3 et 4 indiquent que « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et à la fonction électorale ». En complément, la loi du 6 juin 2000 fait obligation aux partis politiques de présenter au moins 50% de candidats de chaque sexe au scrutin de liste, sous peine de pénalités financières. Ce qui n’est pas toujours appliqué ; en effet, lors des élections présidentielles de 2002, les grands partis politiques ont préféré payer l’amende plutôt que respecter ce pourcentage…
Cette mobilisation a réuni des femmes de tout bord politique, comme Roseline Bachelot, Simone Veil, Yvette Roudy, Françoise Gaspard, Gisèle Halimi. Elle fut aussi appuyée par des hommes politiques comme Alain Juppé qui créa l’Observatoire de la parité en 1995, Jacques Chirac et Lionel Jospin qui contribuèrent à l’aboutissement de la loi sur la parité. Un des symboles de ces années 1990, est la nomination pour la première et seule fois d’une femme comme Premier ministre en 1991, Édith Cresson.
Obtenir le droit de vote n’a manifestement pas suffi à ce que les femmes se fassent une place en politique.

ÉDUCATION DES FEMMES

La séparation des sexes à l’école est à la norme jusqu’en 1957. Au début, la mixité ne s’est pas faite au nom de principes mais par nécessité économique, notamment dans les petits villages. Après la seconde guerre mondiale, on introduit la mixité dans les établissements nouvellement construits, surtout dans l’Ouest de la France. 1957 est donc une date clé concernant la mixité, puisqu’une circulaire étend la mixité dans tout le secondaire. Cette décision est en partie due à l’arrivée en sixième des enfants issus du baby-boom.

Les lycées deviennent mixtes progressivement, ceux qui sont créés le deviennent immédiatement. Les plus anciens gardent leur organisation séparée au-delà de 1968. Les Écoles Normales Supérieures sont les derniers établissements à devenir mixtes en 1986. La mixité scolaire est inscrite pour la première fois dans la loi en 1975, avec la loi Haby. Mais la mixité n’est pas l’égalité. Il reste des inégalités sexuées dans l’orientation et la formation.

Alors qu’elles étaient exclues des savoirs au XIXème siècle, les filles gagnent peu à peu du « terrain » et s’imposent à l’école. Dans le secondaire, le pourcentage de filles augmente : 30% en 1935, et 38,6% en 1950.
Si les filles entrent en sixième comme les garçons, elles s’arrêtent plus tôt (BEPC) et abandonnent plus tôt les études sans formation professionnelle. Il y a un tournant dans les années 1960, où elles continuent plus longtemps alors que les garçons sont freinés par des filières professionnelles comme le CAP. Les filières d’apprentissage pour les filles sont limitées, on trouve la couture, le secrétariat, l’aide sociale. Il y a aussi des différences dans les matières enseignées, notamment en EPS, où certains sports sont réservés aux filles.

FEMMES ET FÉCONDITÉ

Le XXème siècle est la conquête par les femmes du droit à la maitrise de leur fécondité par l’usage de la contraception et un recours possible à l’avortement. La sexualité se dissocie progressivement de la procréation.
Le 27 novembre 1909, la loi Engerand accorde un congé maternité sans perte d’emploi, mais sans compensation financière.
Le 17 juin, 1913, la Loi Strauss donne une allocation aux femmes en couches, sous réserve que les conditions d’hygiène soient respectées.
En 1930, la loi sur les assurances sociales couvre les risques de maladie, l’invalidité, la vieillesse, le chômage, les charges de la famille, ainsi que la maternité. Les fournitures pharmaceutiques, les honoraires des sages-femmes (la majorité des femmes accouchent encore à la maison), les frais de séjour à la maternité sont remboursés aux salariées et aux femmes de salariés. Les femmes salariées perçoivent pendant 12 semaines une indemnité pour perte de salaire.
En 1968, il y a une rupture politique, sociale et culturelle, et le MLF s’impose sur la scène publique déclenchant un débat national sur la contraception et l’avortement. En 1967, la loi Neuwirth autorise avec d’importantes réserves la contraception pour les filles majeures (plus de 21 ans). Les décrets d’application de cette loi ne sont publiés qu’en 1972. C’est l’action féminine qui accélère le processusEn avril 1971, dans la presse, 343 femmes, connues ou non, déclarent s’être faites avorter. Cela deviendra le Manifeste des 343.
En 1972, c’est le procès de Bobigny : on juge une fille aidée par sa mère pour avortement.
Le MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception), qui réunit des militants et des médecins est créé en 1973-1974. Ces médecins pratiquent illégalement des avortements de masse. Face à cela, le président de la République Valéry Giscard d’Estaing et la Ministre de la santé Simone Veil présentent au Parlement en 1974 deux textes de loi.
Le premier, en décembre 1974, sur la contraception. Le second texte porte sur l’interruption de grossesse (IVG), en janvier 1975, adopté grâce aux voix de l’opposition. La loi est prévue pour cinq ans et confirmée en 1979.
Il y eut de nombreux débats autour de cette loi, dans tous les partis politiques. Il était difficile pour les hommes politiques de concéder aux femmes cette liberté sur leur corps. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1982 que François Mitterrand signe le décret sur le remboursement de l’IVG par la Sécurité Sociale. En 2001, le délai de l’IVG passe de dix à douze semaines.

LIBERTÉ VESTIMENTAIRE

Dans les années 1970-1975, malgré le mouvement pour la contraception, l’institution matrimoniale n’est pas remise en cause. C’est par le mouvement féministe que peu à peu la sexualité se dissocie de la procréation. Les mariages diminuent, et l’âge du mariage se situe à 25 ans. Ce chiffre est à mettre en rapport avec l’entrée des femmes dans des professions de cadres supérieures.
Le 11 juillet 1975, il y a une réforme sur le divorce, il faut le consentement mutuel et que les torts soient partagés. Cette réforme supprime le divorce par faute, et l’adultère n’est plus pénalisé. En 1985, la loi reconnaît les droits égaux aux deux parents dans les obligations financières et l’éducation des enfants.

L’image du corps change dans les années 60 : les filles portent des pantalons, elles portent des bikinis, font du seins nus sur la plage. L’image des garçons change aussi (cheveux longs).
La contestation de mai 68 est née de la remise en cause d’un règlement qui interdisait aux filles et garçons de se rencontrer dans les chambres des cités universitaires. Un des slogans de mai 68 est « Jouissez sans entraves ». Après de longs débats, la majorité sexuelle est fixée à 15 ans pour garçons et filles.
Cette liberté sexuelle subit toutefois des dérives. En effet, après 1968, on observe le développement des films érotiques, ce qui dégrade l’image de la femme. Auparavant, le nu était pratiquement inexistant au cinéma. Ces films font sauter des interdits et le symbole que représentait la femme. Ils sont dans un premier temps projetés dans les cinémas, puis dans l’intimité avec l’arrivée des VHS dans les années 1980.
Cette dérive s’observe aussi à travers des publicités sexistes, où les femmes apparaissent dans toutes les tenues et positions sur des panneaux publicitaires dans les villes. Dérive aujourd’hui accentuée via internet et les réseaux sociaux.

VERS UNE ÉGALITÉ HOMME FEMME

Les métiers évoluent en fonction de la croissance, dans la période d’avant-guerre, elles travaillent plus en usine (surtout dans l’ouest du pays), puis dans les années 50, c’est dans les emplois de bureaux. La féminisation des emplois de bureaux s’opère dans le dernier quart du XXème siècle. En 1975 il y a 2,5 millions d’employées, contre 1,9 million d’ouvrières.
Malgré la crise de l’emploi, les femmes représentent quasiment la moitié du salariat aujourd’hui. 80% des femmes de 25 à 49 ans ont une activité.
Autre évolution : les femmes ne s’arrêtent plus de travailler lorsqu’elles ont des enfants. Elles choisissent d’associer travail et enfants/famille.
Elles ont de plus en plus accès à des métiers autrefois masculins (médecins, avocats, journalistes). Une série de lois intervient en faveur de l’égalité des femmes au travail :
La loi de 1972 sur l’égalité des salaires. La loi de 1975, sur la non-discrimination à l’embauche. La loi Roudy de 1983 sur l’égalité professionnelle. Mais ces lois sont dans l’ensemble peu appliquées, on observe une inégalité de salaire de 24%, même si les femmes ont un niveau d’instruction plus élevé et restent actives même lorsque elles ont des enfants. Sur le marché du travail, les emplois offerts sont peu diversifiés et les secteurs d’emploi sont peu valorisés. Les femmes sont aussi victimes de surchômage: 14% pour les femmes, 10% pour les hommes.

Le droit se trouve profondément transformé entre 1965 et 1985, et les femmes acquièrent de nombreux droits civils.
La loi du 13 juillet 1965 sur les régimes matrimoniaux met fin à l’incapacité de la femme mariée : les femmes peuvent ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leurs époux, signer des chèques.


Eh oui mesdames, ce n’est pas si vieux que ça !

Les époux ont le même pouvoir de cogestion des biens, leur responsabilité est identique. En 1985, la loi interdit que le cautionnement donné par un des époux engage le salaire de l’autre. Le 23 décembre 1980, la loi sur le viol définit le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise ». De par cette définition, le viol reste un crime, jugé en cour d’assises, et ne peut pas être qualifié de délit. Le nombre de plaintes pour viols a doublé et les juges sont plus sévères.

LES AVANCEES DU MLF (Mouvement de Libération des Femmes)

Avec la seconde guerre mondiale, les associations féminines disparaissent ou déclinent.
C’est dans les années 1955-1956, que l’intérêt pour la condition féminine renait, porté par le mouvement protestant « Jeunes Femmes ». A la fin des années 1960, une nouvelle génération de femmes apparaît. Elles ont un niveau d’instruction plus élevé que leurs aînées, ont connu la mixité à l’école, ainsi qu’à l’université. De plus, durant leur adolescence, elles ont été influencées par les thèmes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Les femmes sont de plus en plus investies dans la politique du pays, participant aux manifestations et devenant membre d’associations, notamment pour l’indépendance de l’Algérie (réseau Jeanson).
En novembre 1960, de nombreuses femmes signent le Manifeste des 121 pour le « droit à l’insoumission », dont Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Florence Malraux, Christine Rochefort, Simone Signoret.
Le mouvement du MLF exprime sa volonté d’un réseau non mixte. La première action du MLF a lieu le 26 août 1970, avec le dépôt d’une gerbe sous l’Arc de Triomphe, qui mentionne « à la femme du soldat inconnu encore plus inconnue que lui ». Le MLF est à l’origine de toute une série d’actions, qui met le débat des droits de la femme sur la scène publique.
Ces femmes refusent l’inégalité qui existe entre les hommes et les femmes, souhaitent disposer librement de leur corps en dissociant la sexualité de la procréation. Elles réclament le droit à l’avortement mais aussi des améliorations dans leurs vies quotidiennes, comme la création de crèches, de garderies, et le partage des tâches domestiques au sein de leurs foyers.
Bien que décrié, le MLF a permis aux françaises de grandes avancées sur la condition féminine, ne l’oublions pas.

ET DANS LE MONDE

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (en anglais Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women) a été adoptée en 1979 par l’Assemblée générale des Nations unies. Plus de 50 pays parmi l’ensemble des pays qui ont ratifié la Convention l’ont fait en émettant des réserves ou des objections, dont 38 ont rejeté l’article 29 relatif à l’exécution de la Convention, ce qui en limite donc toujours la portée.
Car les femmes sont encore bien trop souvent les victimes des inégalités, et ce dans les quatre coins du monde. Elles paient doublement le prix des conflits : à la fois victimes des violences physiques et sexuelles, le viol étant une arme de guerre. On peut également mentionner les 200 millions de femmes victimes de mutilation sexuelle ou les quelque 700 millions présentement en vie qui ont été mariées de force alors qu’elles étaient mineures. Ne passons pas non plus sous silence celles qui sont mortes au cours de leur « nuit de noces » alors qu’elles étaient à peine pubères, ni les petites filles de 7 ou 8 ans qui sont vendues par leurs parents, pour devenir esclave de leur maître en droit de tout exiger d’elles.

En France, les femmes ont le droit d’ouvrir un compte en banque ou de prendre un emploi sans l’avis de leur époux seulement depuis 1965. En 2017, il reste des pays où les femmes ont besoin d’un tuteur masculin. Ainsi, en Arabie saoudite une femme doit demander l’autorisation de son tuteur masculin (mari, père, frère, oncle) pour voyager, travailler, se marier, ou même voir un médecin. Elles ne peuvent y passer le permis que depuis 2017.
Cette situation existe dans au moins seize pays, de la Mauritanie au Yémen en passant par l’Afghanistan et l’Egypte : on n’y reconnaît pas la majorité juridique aux femmes. On trouve le même type de situation en Bolivie, où les femmes doivent obtenir l’autorisation de leur époux pour pouvoir travailler. En Russie, 456 professions sont directement interdites aux femmes, comme les postes de conductrice de camion agricole, aiguilleuse de trains ou plombière.
Sur le plan législatif, plusieurs pays appliquent aussi une version très masculine du divorce : les femmes soit n’ont pas le droit de le réclamer, soit perdent leurs droits si elles le font ou encore doivent simplement demander « la permission » du mari. On retrouve l’Arabie saoudite, le Yémen, l’Iran ou l’Afghanistan parmi les pays qui ne réclament pas de raison ni n’imposent de délai à un divorce dans le cas où c’est le mari qui le demande, quand une femme doit parfois attendre quatre ans après la « défection » de son époux avant de pouvoir déposer une demande, comme c’est le cas au Pakistan.
Au niveau de l’égalité salariale, les inégalités perdurent, même en Europe, selon les résultats de l’enquête annuelle du Forum économique mondial. Et ce, y compris dans les pays scandinaves, pourtant les plus en avance, qui atteignent seulement le « score » de 0,82 ou 0,87 (là où 1 est une égalité entre les deux sexes). On le voit, il n’est pas toujours facile d’être une femme, et dans certains pays plus que d’autres. C’est pourquoi nous dédions cette Newsletter spéciale à toutes les femmes, toutes les petites filles du monde entier parce qu’elles portent en elles tant de force et de beauté tout à la fois.

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